voyage vers Phongsaly
Le temps est à présent compté et nous repartons dès le lendemain de notre excursion pour la ville de Phongsaly. Lever à 4H30 pour tout le monde et le propriétaire de la guesthouse qui doit se rendre à Ventiane, nous dépose à Udomxay station de bus où nous devons trouver notre car pour grimper encore plus au nord. Comme prévu un bus quotidien charge personnes et denrées en tout genre et part à 8H30 de la gare routière. Après 2 heures d’une route goudronnée, nous quittons le bitume pour une piste qui serpente dans les montagnes. Spartiate et décati notre bus est soumis à rude épreuve. Pour une fois nous ne sommes pas en surnombre, ce qui est appréciable pour affronter les 12 heures de piste qui s’allonge devant nous. Vous avez remarqué, nous ne parlons plus en kilomètres car cela aurait peu de sens ici. Imaginez faire 300 kilomètres en 15 heures et vous aurez la vitesse de notre véhicule. Ceci ne façonne que le contexte de ce qui sera notre périple. On est jamais trop prudent est un adage qu’il faut savoir se rappeler au Laos. Ainsi nos conducteurs, je parle au pluriel car il y a le chauffeur en lui même et trois acolytes qui se révèleront bien utiles vous verrez. Les filles ont choisi les places du fond du bus, histoire de dominer leur sujet. Et c’est parti, enfin on s’arrête pour prendre une roue de secours et on soulève une dernière fois le capot pour vérifier que tout va bien. Nous crevons après avoir parcouru 4 heures de piste. Tout le monde descend du bus et notre équipe de choc s’active pour remplacer la roue défaillante. On constate qu’elle a quelques kilomètres à son actif et que sa vie de roue est bien difficile. On repart après une pause qui permet à certains de se restaurer et à tous de se délasser les jambes. On traverse des villages perdus au milieu de vallées encaissées et après 4 heures nouvelle crevaison. Là on se rappelle l’adage et on se dit que la seconde roue était finalement une bonne idée. Mais voilà il nous reste deux heures de route et notre fine équipe sait qu’elle a épuisé ses cartouches et que demain il lui faudra faire en sens inverse ce trajet éprouvant. La nuit tombe quand nous nous arrêtons dans un village pour réparer une roue. Comme dit Philou jamais deux sans trois… Là comme par miracle, le réparateur dégote la chambre à air qui convient mais toute ces manipulations prendront près d’une heure trente. Notre patience d’occidentaux est mise à rude épreuve face à ces arrêts imprévus. Mais les laotiens ne broncheront pas. Le chauffeur ne lancera pas une injure. Ses acolytes se mettront à l’ouvrage sans sourciller, bref les choses se feront comme elles le doivent avec du temps, du savoir-faire et le sourire… On remonte, il fait nuit et nos jambes d’occidentaux sont enkylosées. Il nous faudra trouver un lieu pour dormir dans Phongsaly qui n’étant pas touristique n’offre pas un éventail de choix conséquent. Voilà, encore une guesthouse, je dirais comme le bus spartiate et décatie…
Surprise, car une partie des routes du nord sont très belles ou en cours de construction. Pourquoi me direz-vous ? Et bien parce que les chinois dealent avec les autorités la déforestation du Laos en payant des infrastructures telles que des routes. Philou avec son sens critique légendaire, dirait que ces routes ne servent de toute façon qu'aux camions chinois, car les laotiens n'ont pas d'argent pour se payer une voiture. Donc comme au sud avec les vietnamiens, le Laos devient une annexe de son grand voisin.
De temps en temps la route est coupée pour les gros travaux. C'est l'occasion de demander à notre chauffeur si les travailleurs qui construisent cette belle route sont laotiens. ET ben non pas tous, car les chinois arrivent avec leur main d'oeuvre CQFD...